Centre Sportif Hector Berlioz
Vincennes 74304
Concours juin 2010
Deso Architecture, Paris 11























+ 1-Localisation
Le Centre sportif Hector Berlioz est situé le long d’un dispositif axial de la ville de Vincennes généré par la composition classique de l’hôpital militaire.
Cependant, l’équipement sportif est presque invisible, en retrait de l’espace public.
On aperçoit son volume :
De face depuis la place Bérault,
En biais, entre les arbres du lycée,
Sans recul, depuis le « passage de la piscine », on y entre brusquement.

A l’arrière des volumétries de logements au Sud, et du lycée au Nord, le centre sportif appartient au cœur de l’îlot, cependant sa vocation initiale est d’être ouvert sur la ville.
Il se présente, à ce titre, actuellement comme un bâtiment fonctionnel, sans enjeu urbain. Un empilement efficace de fonctions sportives, une expression technique, une enveloppe légère sur un socle maçonné, et des façades s’orientant défavorablement à l’Ouest et à l’Est.

Ces problèmes d’orientation du bâtiment, de perception proche et lointaine, d’adressage, et son rôle dans l’intérieur d’îlot, sont les points d’accroches principaux pour sa restructuration.

+ 2-Contexte urbain
Le tissus où s’insert l’équipement est composite : discontinuité du front bâti sur l’avenue de Paris, gabarits variables de R+4 à R+ 7, parking formant socle à l’Ouest.
La zone USP inscrit ses équipements dans une logique d’accroche à l’îlot (ailes restauration et logements de fonction au Sud), et de soumission au dispositif monumental de l’hôpital militaire (cour ouverte au Sud, foyer de la courbure du bâtiment Nord du lycée sur l’axe Nord-Sud).
Par sa configuration, le centre sportif n’appartient ni à l’un (pas d’adresse sur rue), ni à l’autre (à l’écart de l’axe).

Le projet de restructuration est l’occasion d’affirmer :

>Son rayonnement dans l’îlot : sa volumétrie générale évite le conflit avec les masses environnantes. Sa découpe accentue son orientation urbaine (visibilité de la place Bérault, retrait du vis-à-vis avec les logements hauts du Sud).
Les matériaux  du projet (bois / habillage lisse et abstrait), évoquent une appartenance plus « géographique » qu’urbaine.

Ses façades sont conçues comme des  parois poreuses, « ouies », « déflecteurs », « résilles ».


Cette relation de politesse avec ses voisins fonde la dimension environnementale du bâtiment : son orientation tire parti du Sud (apport de calories gratuites, terrasse partiellement accessible, lumière de qualité dans les espaces conviviaux), du Nord (apport de lumière égale, sans gêne pour les pratiques sportives), et se protège des orientations Est et Ouest (éclairage limité ou filtré).

>Son rayonnement sur le quartier et la ville : l’étage haut, de la salle de basket reconstruite, est pivoté à 90°, et placée au Nord : perception claire depuis la place et l’avenue. Le décollement du volume haut accentue son émergence, et le contraste avec l’horizontalité des étages bas. La signalétique est proposée, en option, depuis la grille d’accès côté avenue. Le bois identifiera la singularité de l’équipement au sein de la cour arborée du lycée, permet une transition douce entre les logements et le lycée. 

+ 3-Principes architecturaux
Le projet restructure un équipement existant, à la fois en renforçant ses qualités et potentiels, et en affirmant une nouvelle cohérence architecturale.

Qualité et potentiel de l’existant :
Le bâtiment actuel imbrique avec ingéniosité des volumes d’espaces sportifs sous une forme unitaire.
La boîte abritant la salle Antoine Quinson offre une solution structurelle intéressante portant sur uniquement 4 appuis.
Ce rapport contrasté entre socle et superstructure légère fonde le nouveau projet.

L’organisation actuelle de l’équipement distribue les salles par des « bandes servantes » : le projet respecte et clarifie cette disposition.

Nouvel équipement :
Bien que ses fonctions et usages existants soient en grande partie reconduits, le remodelage du bâtiment le transforme néanmoins en nouvel équipement.

Le projet organise un nouvel ordre architectural qui témoigne de sa double échelle, proche-lointaine.
La boîte déconstruite, qui se situait en retrait du passage, et alignée sur la cour. Le volume reconstruit pivote son implantation à 90°, et s’aligne côté Nord. Cette disposition permet à la fois un recul des façades d’habitations au Sud,
et l’aménagement d’une terrasse valorisant l’entre deux, comme une « vallée ».

Deux caractéristiques formelles définissent l’architecture du projet : le socle et la paroi-résille

>Le socle :
La boîte qui contient les salles basses ancre le bâtiment dans le sol.
Elle s’apparente à un support, duquel émerge le volume de la salle de basket.
L’isolation thermique, par l’extérieur, incite à unifier, en une même vêture, les parois du socle, en alternant vitrage
et panneaux en métal laqué.

>La paroi-résille :
La perception du volume bâti est adouci par une paroi décollée, et ajourée, en bois, formant 3 ordres superposés d’inclinaison variable : les 2 lignes basses forment des brise-soleil à l’Est, et la paroi haute abrite la grande salle.
Ces plans inclinés, composés de tasseaux de bois (Red Cedar) montés sur une ossature acier, sont décollés des façades
et allègent la perception du bâtiment, comme une jupe effrangée sur 3 rangs.
Cette enveloppe assure une unité d’ensemble du bâtiment, et combine simplement plusieurs fonctions : brise-soleil,
pare-vue, paroi étanche, pergola.

L’enveloppe bois suggère un caractère archaïque, proche des sensations corporelles : chaleur/ froid, lumière/ pénombre, rugueux/ lisse, transparent/ opaque.
En opposition, la façade en retrait, lisse et continue, répond à l’impératif de contrôle technique des ambiances, de simplicité géométrique et compacité.
A l’intérieur, cette sobriété monochrome valorise les mouvements, les couleurs des équipements sportifs.


Les façades- Axe Nord-Sud

Unitaire et symétrique sur un axe Nord-Sud, le bâtiment décline 4 façades contrastées, en résonnance avec le contexte urbain et géographique :

>Au Sud : le retour de la toiture se plisse comme un origami, et forme un grand porte-à-faux au dessus d’une terrasse protégée. L’inclinaison douce, et les fléchissements des plans ajourés lui confèrent un rôle de « canopée », qui filtre dans les circulations et espaces conviviaux une lumière chaude, changeante au gré des saisons.
Cette toiture-façade se retire poliment des vis-à-vis, des façades des logements, au Sud.

Elle dégage, au dessous, un toit-terrasse partiellement accessible, et planté de graminées, formant un effet de « vallée ». Cette impression est renforcée par un chéneau central qui laisse glisser les trop-pleins des eaux de toiture jusqu’à la sur-toiture de la verrière de la salle polyvalente.

>Au Nord : une paroi-remplissage en métal et verre permet un apport de lumière uniforme, tout en contrôlant les déperditions thermiques (vitrage limité à 25-30%).
Le vitrage est opalescent pour éviter les co-visibilités avec le vis-à-vis proche du lycée.
Un escalier de secours extérieur en acier, accroché à la façade, permet l’évacuation des étages.
Une avancée de la toiture-résille bois accentue l’effet d’enveloppement.

>A l’Est : côté cour, l’équipement dégage sa seule façade permettant une perception de l’espace publique (place Bérault
et avenue de Paris). Son enveloppe-résille est découpée horizontalement en 3 ordres : 2 lignes basses étirent et unifient la partie basse du socle, par des panneaux bois ajourés fixes, filtrant la lumière de l’Est.

Ce dispositif assure également le rôle de pare-vue et pare-ballons.  Ces lignes accrochent à la fois le bâtiment au sol, et à l’arrière-plan de l’aile courbe du lycée, qui étire de longues horizontales.

Au-dessus, la paroi latérale de la boîte de la salle de basket reprend, par une inclinaison moindre, l’effet « effrangé » en partie basse, pour diffuser un halo lumineux dans la salle, et alléger l’effet de masse du bâtiment. La nuit, la façade laisse filtrer la lumière provenant de l’intérieur, et confère au centre sportif une apparence de grande lanterne.

>A l’Ouest : côté passage, la perception du bâtiment, sans recul et latérale, incite à distinguer :
- une échelle proche : tactile, qui intègre les éléments de signalétique et d’accompagnement depuis la grille sur l’avenue,
et laisse voir, par des baies agrandies, l’activité des salles sportives en contrebas.
Le revêtement métallique et les vitrages seront renforcés en fonction de la protection aux chocs et vandalismes. Le masque des vis-à-vis dispense de protection solaire.

-une échelle intermédiaire : la boîte haute est perçue en suspension, par un retrait de 2,50 m de la façade du R+1,
et offre au regard sa sous-face en maille acier blanc.
Le recul de la boîte du R+2 laisse deviner la terrasse haute, et la lecture partielle de la façade Sud.